TroisiĂšme RĂ©publique, belle Ă©poque pour la presse. Les scandales font vendre, le dernier fait divers au sommet de lâĂtat est une affaire en or et une mine de citations. Dans un autre genre, lâAffaire Dreyfus mĂ©rite sa majuscule et lâhistoire contemporaine donne matiĂšre aux auteurs qui critiquent avec talent, entre humeur et humour. Le prĂ©sident a-t-il toujours sa connaissance ? â Non, elle est sortie par lâescalier. »2522 Lâanecdote qui court dans Paris le 16 fĂ©vrier 1899 Petit Journal avec illustration, 26 fĂ©vrier 1899. Le prĂ©sident de la RĂ©publique FĂ©lix Faure, bel homme de 58 ans, meurt ce jour-lĂ en galante compagnie. La connaissance » prit la fuite par une sortie dĂ©robĂ©e et le concierge de lâĂlysĂ©e tĂ©moigne en ces termes Ă quelques variantes prĂšs selon les sources, rĂ©pondant Ă la question du prĂȘtre appelĂ© en hĂąte pour confesser le pĂ©cheur. La rumeur murmure le nom de CĂ©cile Sorel, actrice cĂ©lĂšbre. En fait, la compagne de ses derniers instants est une demi-mondaine, Marguerite Steinheil, bientĂŽt surnommĂ©e la Pompe funĂšbre. Clemenceau lui-mĂȘme fait dans lâhumour noir Il voulait ĂȘtre CĂ©sar, il ne fut que PompĂ©e. » On lui prĂȘte aussi ce mot plus politique FĂ©lix Faure est retournĂ© au nĂ©ant, il a dĂ» se sentir chez lui. »La TroisiĂšme nâa pas de chance ! AprĂšs GrĂ©vy dĂ©missionnaire pour cause de scandale trafic de dĂ©corations, Sadi Carnot assassinĂ© attentat anarchiste, Jean Casimir-PĂ©rier dĂ©missionnaire au bout de six mois, FĂ©lix Faure est Ă son tour remplacĂ© le 18 fĂ©vrier par Ămile Loubet - qui ira au bout de son septennat, non sans mal. Dreyfusard, aussitĂŽt accusĂ© dâĂȘtre lâĂ©lu des juifs. Toutes les citations qui suivent sont commentĂ©es dans nos Chroniques. Cela ne fait pas un homme de moins en France. NĂ©anmoins, voici une belle place Ă prendre. »2523 Georges CLEMENCEAU, LâAurore, au lendemain de la mort de FĂ©lix Faure, fin fĂ©vrier 1899 Ce mot cruel rappelle certaines sorties de scĂšne historiques plus ou moins ratĂ©es voir le gĂ©nĂ©ral Boulanger, en septembre 1891. Il faut dire que le bilan du dĂ©funt prĂ©sident est assez nul, et quâil Ă©tait notoirement antidreyfusard. Lâintervention dâun romancier, mĂȘme fameux, dans une question de justice militaire mâa paru aussi dĂ©placĂ©e que le serait, dans la question des origines du romantisme, lâintervention dâun colonel de gendarmerie. »2519 Ferdinand BRUNETIĂRE, AprĂšs le procĂšs 1898 Intellectuel type, historien de la littĂ©rature et critique respectĂ©, professeur Ă lâĂcole normale et Ă la Sorbonne, directeur de la Revue des Deux Mondes, BrunetiĂšre sâoppose Ă Zola, le fameux romancier en question. Il agit ainsi par respect des institutions, comme il est conservateur en littĂ©rature, par fidĂ©litĂ© aux classiques. Nombre dâantidreyfusards vont plus loin. Il nây a plus beaucoup de rĂ©publicains en France. La RĂ©publique nâen a pas formĂ©. Câest le gouvernement absolu qui forme les rĂ©publicains. »2529 Anatole FRANCE, Monsieur Bergeret Ă Paris 1901 Dernier des quatre volumes de son Histoire contemporaine, pamphlet formidable prĂ©sentĂ© avec un sourire enchanteur » Ămile Faguet, rĂ©sumĂ© piquant et pessimiste de la sociĂ©tĂ© française marquĂ©e par lâAffaire. Le rĂ©gime a rĂ©sistĂ© Ă toutes les crises, la RĂ©publique modĂ©rĂ©e est devenue radicale, les Français sont pourtant plus que jamais critiques et divisĂ©s.
Rappelonstout dâabord le petit groupe de mots français qui se reconnaissent au radical main- : main, maintenant, maintenir, maintien, mainmise, mainlevĂ©e, mainmorte. 2. Lâun des ancĂȘtres de cette famille est le verbe latin mandare, « mettre en main, confier, donner une mission ». En sont issus les mots qui contiennent le radical
Accueil âąAjouter une dĂ©finition âąDictionnaire âąCODYCROSS âąContact âąAnagramme il est formĂ© de petits os â Solutions pour Mots flĂ©chĂ©s et mots croisĂ©s Recherche - Solution Recherche - DĂ©finition © 2018-2019 Politique des cookies.Lireaussi Renaud Lambert & Sylvain Leder, « Face aux marchĂ©s, le scĂ©nario dâun bras de fer », Le Monde diplomatique, octobre 2018.. En ce sens le plus fondamental, la finance est consubstantielle au capitalisme lui-mĂȘme, indĂ©pendamment de ses formes historiques : car lâimpulsion du cycle capitaliste de la production suppose lâavance. Accueil âąAjouter une dĂ©finition âąDictionnaire âąCODYCROSS âąContact âąAnagramme formĂ©es sur le tas â Solutions pour Mots flĂ©chĂ©s et mots croisĂ©s Recherche - Solution Recherche - DĂ©finition © 2018-2019 Politique des cookies.
Bonjour! Pour former un participe parfait passif, on prend le radical du supin. Câest la forme adjective du verbe : il sâaccorde donc comme lâadjectif, en genre, en nombre et en cas, avec le mot auquel il se rapporte. Bonne journĂ©e !PhĂ©nomĂšne de âradicalisationâ du mouvement des Gilets Jaunes ; injonction aux signalements de âradicalisationâ par le gouvernement dans un contexte dâattentats djihadistes et de stigmatisation des musulmans ; procĂšs en manque de âradicalitĂ©â intentĂ© aux mouvements non-violents suite au contre-G7 ou Ă la âsemaine de rĂ©bellion internationaleâ... Les termes radical, radicalitĂ©, radicalisation sont devenus des mots fourre-tout, utilisĂ©s pour dĂ©signer des objets Ă la nature singuliĂšrement diffĂ©rente, et dont la connotation positive ou nĂ©gative dĂ©pend de la personne qui les emploie. Le mot âradicalâ est ainsi associĂ© Ă la diversitĂ© violente des black blocs autant quâĂ la dĂ©sobĂ©issance civile non-violente, et le mot âradicalisationâ vient connoter lâextrĂ©misme et le fanatisme dâattentats terroristes, comme des mouvements dâextrĂȘme droite, ou encore la colĂšre sociale exprimĂ©e par un mouvement comme celui des Gilets Jaunes⊠Dans ces conditions, quel sens peut-on encore donner au mot âradicalâ ?Au sein du mouvement climat, la question de la radicalitĂ© devient insistante, notamment en rĂ©action Ă un sentiment dâurgence et de gravitĂ© de plus en plus palpable face Ă lâurgence climatique, ne faut-il pas passer Ă des actions plus radicales ? Mais de quelles actions radicales parle-t-on ? Pour certain-e-s, il sâagit dâadopter un discours de vĂ©ritĂ©, plus cru, sur la gravitĂ© de la situation ; pour dâautres, il sâagit de nommer plus clairement lâorigine du problĂšme, en dĂ©signant le systĂšme capitaliste ou la civilisation industrielle. Pour certain-e-s, la radicalitĂ© est synonyme de violence, alors que pour dâautres, câest au contraire la stratĂ©gie non-violente qui permet de concilier dimension radicale et dimension populaire. Lâaction radicale peut encore dĂ©signer lâaction directe, lâaction clandestine, la dĂ©sobĂ©issance civile...Si de plus en plus de gens sâaccordent sur la nĂ©cessitĂ© de la radicalitĂ©, les diffĂ©rents sens qui sont donnĂ©s Ă ce terme limitent le dĂ©bat en alimentant les malentendus, les amalgames, et les polĂ©miques entre diffĂ©rents courants le systĂšme Ă la racineEn ce qui concerne le dĂ©fi climatique et lâimpĂ©ratif de justice sociale, la question de la radicalitĂ© est une question essentielle. Car le dĂ©rĂšglement climatique nous impose effectivement un changement radical, au sens Ă©tymologique du terme câest-Ă -dire quâil sâagit dâun changement Ă la racine du modĂšle actuel. Câest ce modĂšle actuel, Ă la fois insoutenable Ă©cologiquement et socialement injuste, caractĂ©risĂ© notamment par le capitalisme, lâextractivisme, le productivisme, la surexploitation des ressources naturelles, la surconsommation, le dogme de la croissance infinie, etc., qui est la cause profonde de la destruction Ă©cologique en cours qui menace la survie de lâhumanitĂ© et dâune grande partie de la biodiversitĂ© planĂ©taire. En cela, des ajustements de ce systĂšme, ou un changement Ă la marge, sont complĂštement inadaptĂ©s pour relever le dĂ©fi actuel, puisque ce sont les fondements mĂȘmes de ce systĂšme qui sont Ă lâorigine du problĂšme. Câest cette vision de changement radical que portent Alternatiba et Action Non-Violente-COP21 ANV-COP21 Ă travers le slogan Changeons le systĂšme, pas le climat la limitation du dĂ©rĂšglement climatique ne peut passer que par un changement radical du cela se traduit-il dans nos engagements ? Est-ce que je suis radical-e parce que je mâengage dans des actions de dĂ©sobĂ©issance civile ? Ou parce que jâappelle Ă abattre le capitalisme ? Est-ce que je cesse de lâĂȘtre quand je vais marcher pour le climat ou que jâorganise un village des alternatives ? Est-ce que la rĂ©pression que jâendure est le baromĂštre de mon niveau de radicalitĂ© ? Est-ce que le fait de porter des revendications envers des multinationales ou des gouvernements est une forme de compromission ĂŽtant toute forme possible de radicalitĂ© ? Nous proposons de distinguer diffĂ©rents dĂ©bats sur la radicalitĂ©, qui ne sont pas tout Ă fait les mĂȘmes selon quâils concernent les discours, les modes dâaction, ou bien encore les processus de mobilisation. Franchissement des lignes de police lors de lâaction de blocage du sommet pĂ©trolier MCEDD Ă Pau en 2016 Le discours radicalUn des critĂšres prĂ©dominants dans le dĂ©bat sur la radicalitĂ© est celui du discours, voire de la sĂ©mantique. Ainsi, on a tendance Ă classer les mouvements sur une Ă©chelle de radicalitĂ© plus ou moins Ă©levĂ©e en fonction du discours quâils portent. Un mouvement qui clame haut et fort des termes politisĂ©s et anti-systĂšme comme âanti-capitalismeâ, des termes chocs comme âeffondrementâ, ou des mots-obus, selon la formule de Paul AriĂšs, comme âdĂ©croissanceâ, sera facilement perçu comme un mouvement radical. Les mots ont effectivement une importance majeure, de par la force symbolique quâils vĂ©hiculent. Ils peuvent participer Ă la transformation de notre imaginaire collectif, qui façonne Ă son tour lâorganisation concrĂšte de nos sociĂ©tĂ©s. Mais les mots ne suffisent pas, et un discours offensif ne nous rend pas automatiquement efficaces contre le capitalisme, lâeffondrement, le dogme de la croissance ou lâemballement apparente banalitĂ© semble importante Ă rappeler quand on voit que le vocabulaire choisi par un mouvement peut lui valoir un procĂšs en manque de radicalitĂ© ou au contraire la glorification de sa supposĂ©e radicalitĂ©. Quâest-ce quâune action radicale ?Les dĂ©bats militants sur la radicalitĂ© gravitent Ă©galement beaucoup autour de la question des modes dâaction. On qualifie souvent une action de âradicaleâ selon son niveau de confrontation physique, la prise de risque physique ou juridique quâelle implique, son apparence subversive ou encore le niveau de rĂ©pression ou de condamnation quâelle suscite de la part du pouvoir. Ainsi, lâaction de blocage menĂ©e au sommet pĂ©trolier de Pau par ANV-COP21 apparaĂźt comme une action non-violente radicale car elle comporte une confrontation physique importante avec les forces de lâordre. MĂȘme si lâattitude Ă©tait non-violente de la part des activistes, il y avait une confrontation physique avec lâutilisation de boucliers en mousse pour repousser physiquement les forces de lâordre, franchir leurs lignes de protection afin de bloquer le bĂątiment. Cette tactique provoquait un niveau de rĂ©pression consĂ©quent de la part des forces de lâordre avec utilisation de matraques et de gaz lacrymogĂšnes, qui nâentamaient pas la dĂ©termination des activistes. Le tout donnait une image spectaculaire facilitant la connotation de âradicalitĂ©â pour une action de ce type. La tactique black bloc, revĂȘtant un dress-code suscitant un imaginaire rebelle vĂȘtements noirs, visage masquĂ©, dĂ©gradant du matĂ©riel ou des locaux symbolisant le systĂšme capitaliste, entraĂźnant quasi systĂ©matiquement des affrontements violents avec les forces de lâordre, et Ă©tant diabolisĂ© par le pouvoir comme une forme dâaction inacceptable, rassemble Ă©galement des attributs spectaculaires importants lâassociant rĂ©guliĂšrement Ă la âradicalitĂ©â. La diabolisation dâune tactique dâaction peut cependant aussi sâobserver envers des mouvements non-violents sâils apparaissent comme subversifs, comme on a pu lâentendre dans les condamnations de SĂ©golĂšne Royal envers le mouvement Extinction Rebellion 1, ou dans les propos de Jean-Michel Aphatie et de plusieurs ministres Ă propos des actions de dĂ©crochage de portraits prĂ©sidentiels menĂ©s par ANV-COP21. Extrait de Jean-Michel Aphatie sur LCI qui considĂšre un portrait de Macron retournĂ© comme un appel au meurtre Extrait de LCI ces caractĂ©ristiques suffisent-elles vraiment Ă qualifier la radicalitĂ© dâune action ? En fait, elles dĂ©signent le mode opĂ©ratoire et le niveau dâengagement dâune action ; mais elles ne disent rien du caractĂšre radical ou non du rĂ©sultat de lâaction. Or, ce nâest pas parce quâune action a un mode opĂ©ratoire spectaculaire, un fort niveau dâengagement, ou quâelle suscite une rĂ©pression importante, que son rĂ©sultat est nĂ©cessairement radical ou quâelle permet dâaugmenter notre rapport de force pour obtenir des changements proposons donc de qualifier de âradicaleâ non pas une action qui a une certaine apparence ou un fort niveau dâengagement, mais une action susceptible de provoquer un changement radical du systĂšme. Cela peut sâĂ©valuer au regard du rĂ©sultat concret dâune action, notamment quand on obtient une victoire dâĂ©tape concrĂšte. Cela doit aussi sâĂ©valuer, mĂȘme sans victoire concrĂšte et prĂ©cise Ă court terme, en fonction de la capacitĂ© dâune action Ă renforcer les mouvements qui luttent pour un changement radical du systĂšme et dans sa capacitĂ© Ă affaiblir le systĂšme que nous ne fait pas le moineIl y a des actions qui sont faciles Ă qualifier de radicales car elles cochent toutes les cases. Il en va ainsi des actions de blocage de mines de charbon organisĂ©es par Ende GelĂ€nde en Allemagne, qui sont parmi les plus emblĂ©matiques des actions climat de ces derniĂšres annĂ©es. En bloquant physiquement lâexploitation du charbon, on se trouve bien Ă la racine du problĂšme climatique sur le lieu mĂȘme de lâextraction de ressources fossiles. Si le charbon nâest pas exploitĂ©, il ne sera pas brĂ»lĂ©, et il nâĂ©mettra pas de gaz Ă effet de serre. Le discours dâEnde GelĂ€nde est radical, le niveau dâengagement des actions est important, le rĂ©sultat est immĂ©diat et concret il nây a donc aucune difficultĂ© Ă considĂ©rer quâil sâagit dâune action radicale. Il faut toutefois mesurer lâaction avec une focale un peu plus large afin dâobserver que lâimpact concret et immĂ©diat est limitĂ© puisque ce mode dâaction ne nous permet pas de bloquer la mine plus dâun ou deux jours, ce qui veut dire que la mine peut ensuite ĂȘtre exploitĂ©e les 363 autres jours de lâannĂ©e. La puissance de cette action doit alors ĂȘtre mesurĂ©e en prenant Ă©galement en compte comment elle peut constituer un rapport de force politique capable de changer les rĂšgles actuelles qui permettent Ă ces mines de fonctionner. MĂȘme dans le cas dâune action comme celle dâEnde GelĂ€nde, dont la radicalitĂ© ne fait pas de doute, il est donc important de ne pas sâen tenir aux apparences, mais dâobserver par quels processus les changements peuvent ĂȘtre dâautant plus important quand une action a moins lâapparence de la radicalitĂ©. La campagne menĂ©e par Les Amis de la Terre, Bizi et Attac contre le soutien de SociĂ©tĂ© GĂ©nĂ©rale au projet de mine de charbon gĂ©ante Alpha Coal en Australie, sâest ainsi dĂ©clinĂ©e en un rĂ©pertoire diversifiĂ© dâactions accessibles Ă diffĂ©rents types de publics, y compris dĂ©butants actions humoristiques en costumes de kangourou, installation dâune scĂšne de crime climatique, occupation dâagences, dĂ©versement de charbon, etc. Ces actions ne rĂ©sonnent pas aussi fortement dans lâimaginaire radical » ; mais en visant juste politiquement, elles ont permis dâexercer une pression sur la banque au point quâelle sâest retirĂ©e du projet dont elle Ă©tait un acteur dĂ©cisif, ce qui a entraĂźnĂ© le gel de cette bombe climatique ». GrĂące Ă ces actions, câest ainsi lâĂ©mission de 1,8 milliard de tonnes de CO2 qui a Ă©tĂ© physiquement empĂȘchĂ©e. Il sâagit donc bien dâun changement significatif obtenu Ă la racine du problĂšme lâexploitation toujours croissante des Ă©nergies fossiles et lâĂ©mission toujours croissante de gaz Ă effet de serre. Plus globalement, des actions comme celles dâEnde GelĂ€nde ou une victoire comme celle du gel dâAlpha Coal peuvent ĂȘtre considĂ©rĂ©es comme radicales dans le sens oĂč elles affaiblissent le systĂšme en rendant les projets dâĂ©nergies fossiles plus difficiles Ă faire accepter et Ă faire financer ; dans le sens oĂč elles renforcent les mouvements climat qui Ćuvrent Ă un changement radical du systĂšme, et parce quâelles permettent dâaugmenter notre rapport de force par rapport au systĂšme. Blocage dâune mine de charbon en Allemagne par Ende GelĂ€nde en 2015 La radicalitĂ© occultĂ©e des alternativesTournons-nous Ă prĂ©sent vers des actions rarement prĂ©sentĂ©es comme radicales les alternatives. Parce quâelles relĂšvent de la dimension constructive plutĂŽt que dâune dĂ©marche de contestation, les alternatives sont trĂšs facilement classĂ©es dans un registre positif, qui est plus difficilement associĂ© Ă la radicalitĂ©. Et pourtant, lĂ non plus, lâhabit ne fait pas le moine !Citons ainsi des initiatives comme les ateliers vĂ©lo participatifs et solidaires, une monnaie locale comme lâEusko, les recycleries, les repair cafĂ©s, ou la chambre dâagriculture alternative Laborantza Ganbara du Pays Basque, que nous pouvons identifier comme des actions radicales dĂšs lors quâon observe quâelles ont des effets tout Ă fait concrets permettant de construire une sociĂ©tĂ© radicalement diffĂ©rente et opposĂ©e au systĂšme des ateliers vĂ©lo participatifs et solidaires 2, câest mettre en place des outils concrets pour permettre Ă un maximum de gens de se rĂ©approprier les compĂ©tences dâentretien et de rĂ©paration des vĂ©los, de rĂ©introduire le vĂ©lo dans les usages, dâen faire un mode de dĂ©placement dominant notamment dans les villes. On pourrait trouver mille façons de prĂ©senter le vĂ©lo sous un jour consensuel, qui ne seraient pas associĂ©es Ă lâimaginaire de la rĂ©bellion et qui occulteraient ainsi la dimension radicale dâun projet dâatelier vĂ©lo. Câest pourtant une initiative radicale Ă bien des Ă©gards. Câest une initiative radicale car le vĂ©lo est lâoutil qui a le plus de potentiel pour transformer radicalement la mobilitĂ© dans les villes, et qui sâoppose ainsi notamment Ă la voiture Ă©lectrique, prĂ©sentĂ©e Ă tort comme une solution Ă©cologique. Câest une initiative radicale Ă©galement car elle dĂ©veloppe une culture dâautonomie entretenir et rĂ©parer soi-mĂȘme son vĂ©lo, câest sâinscrire dans une logique de rĂ©paration et dâautonomie qui va Ă contre-courant de la culture de la consommation et du jetable qui domine nos sociĂ©tĂ©s. Câest une dĂ©marche dâĂ©mancipation qui sâinscrit radicalement Ă lâencontre de la logique de dĂ©pendance entretenue par le systĂšme actuel. Il y a un esprit rĂ©volutionnaire dans cette dĂ©marche, de la mĂȘme maniĂšre que Gandhi voyait dans la rĂ©habilitation du rouet une maniĂšre de dĂ©ployer un esprit rĂ©volutionnaire dans le mouvement pour lâindĂ©pendance de lâInde, tout en lâenracinant dans une pratique directe. Atelier vĂ©lo organisĂ© en plein air lors dâun Village des alternatives Ă Bayonne LâEusko 3 est une monnaie locale qui rassemble au bout de quelques annĂ©es 3 300 personnes adhĂ©rentes, environ un millier de prestataires ayant souscrit Ă une charte Ă©cologique et sociale, et qui a mis en circulation 1,6 million dâeuskos. Cela correspond Ă 1,6 million dâeuros retirĂ©s des banques spĂ©culatives et de lâactivitĂ© financiĂšre nocive du systĂšme capitaliste. Ils sont dĂ©placĂ©s dans le fonds de rĂ©serve Ă la Nef et dans une caisse solidaire qui servent Ă financer des projets Ă©thiques sur le territoire basque. Cela en fait un outil qui active trĂšs concrĂštement la relocalisation de lâĂ©conomie, le dĂ©veloppement et la convergence dâalternatives fonctionnelles, et lâĂ©volution des activitĂ©s du territoire vers des pratiques davantage Ă©cologiques. En le formulant avec des termes âoffensifsâ qui sâinscrivent davantage dans le champ lexical âradicalâ, il sâagit de faire sĂ©cession avec le systĂšme capitaliste, de sâopposer radicalement Ă la mondialisation de lâĂ©conomie, ou de se rebeller contre la finance premier abord, lâEusko ou les ateliers vĂ©lo nâapparaissent pas comme des initiatives emblĂ©matiques de la radicalitĂ©, de lâanticapitalisme ou de la rĂ©volution Ă©cologique ; pourtant, leurs activitĂ©s concrĂštes en font effectivement des dĂ©marches anticapitalistes et Ă©cologistes grandir le rapport de forceĂvaluer la radicalitĂ© des actions Ă leurs seuls rĂ©sultats Ă court terme est cependant trop rĂ©ducteur. Cela aurait davantage de sens si nous avions un grand rapport de forces, que nous pouvions facilement contraindre les grandes multinationales et les gouvernements actuels, et que nous pouvions dâores et dĂ©jĂ transformer nos territoires directement depuis la base, mais ce nâest pas le cas. Notre rapport de force global reste encore trĂšs faible, et nous ne pouvons pour le moment que viser certaines failles du rouleau compresseur afin dâobtenir des victoires partielles, et dĂ©velopper des alternatives dans les interstices du cette situation, il sâagit donc de se poser la question suivante dans quelle mesure une action affaiblit-elle le systĂšme et renforce-t-elle le mouvement climat qui Ćuvre pour un changement radical ? Si une action renforce le camp de celles et ceux qui luttent pour un changement radical, augmente notre rapport de force, alors câest une action qui doit ĂȘtre considĂ©rĂ©e comme pouvons ainsi nous rendre compte dâun paradoxe de nouveaux mouvements et de nouvelles figures sont apparues en lâespace dâune annĂ©e dans le paysage du mouvement climat, Ă qui on reproche quasiment systĂ©matiquement leur manque de radicalitĂ©, alors quâelles viennent renforcer la dynamique globale. Greta Thunberg ferait trop de com ? Les jeunes pour le climat ne se politiseraient pas assez vite ? Les marches pour le climat seraient trop bobo ? Extinction Rebellion nâaurait pas Ă©tĂ© assez rĂ©primĂ© pendant la semaine de rĂ©bellion internationale ? Et ces dynamiques seraient donc coupables de manquer de radicalitĂ© ?Dans la perspective du mouvement dâensemble que nous sommes encore en train de construire, ce sont au contraire autant de nouveaux acteurs qui viennent renforcer la dynamique globale qui doit devenir capable de changer radicalement le systĂšme. La radicalitĂ© de tel ou tel mouvement, selon tel ou tel aspect, importe finalement moins que le fait que chacun dâeux apporte un poids supplĂ©mentaire au rapport de force global. Des mobilisations massives et rĂ©currentes qui impriment le sujet du climat dans lâopinion publique, la mise en mouvement de la jeunesse qui interpelle fortement la classe politique et la population en gĂ©nĂ©ral, un nouveau mouvement comme Extinction Rebellion qui Ă©largit le paysage de la dĂ©sobĂ©issance civile, tout cela renforce Ă©videmment notre mouvement global, et rend les activitĂ©s climaticides du systĂšme de plus en plus difficiles Ă chantier en coursLes marches pour le climat sont probablement le phĂ©nomĂšne de mobilisation qui a Ă©tĂ© le plus critiquĂ© pour son manque de radicalitĂ©. Quelques mois Ă peine aprĂšs lâorganisation des premiĂšres marches, on a pu entendre des jugements sĂ©vĂšres dans les milieux militants et politisĂ©s, leur reprochant ce qui leur manquait des objectifs stratĂ©giques pas assez clairs voire inexistants, des discours pas suffisamment radicaux, une composition pas assez reprĂ©sentative de la diversitĂ© de la population française, et surtout lâabsence de victoire concrĂšte au bout de plusieurs mois de mobilisation. Ces questions sont lĂ©gitimes, mais il serait injuste et irrĂ©aliste dâattendre dâune telle dynamique spontanĂ©e et attirant de nombreuses nouvelles personnes quâelle soit dâemblĂ©e radicale et dotĂ©e dâune vision stratĂ©gique. PlutĂŽt que de juger un mouvement de ce type par rapport Ă ce qui lui manque, on a intĂ©rĂȘt Ă lâĂ©valuer par rapport Ă son potentiel et ce quâil peut apporter au mouvement global. Marche climat Ă Lyon le 16 mars 2019 Les mobilisations massives sont trĂšs importantes pour la radicalitĂ© du mouvement global pour au moins deux des mobilisations massives et rĂ©pĂ©tĂ©es crĂ©ent un contexte de lĂ©gitimitĂ© tout Ă fait diffĂ©rent pour les actions plus dĂ©sobĂ©issantes, plus radicales, avec un niveau dâengagement plus Ă©levĂ©, etc. Des actions offensives ne crĂ©ent pas du tout le mĂȘme type de problĂšme politique et le mĂȘme rapport de force dans un contexte de forte mobilisation citoyenne, ou dans un contexte oĂč ce sujet semble susciter lâindiffĂ©rence de lâopinion publique. Dâautre part, on recrute plus facilement et davantage de monde pour des actions plus offensives dans un tel contexte de mobilisation. Des mobilisations massives, mĂȘme apparemment peu radicales, peuvent ainsi avoir un effet indirect important sur dâautres dynamiques plus ces mobilisations de masse offrent une porte dâentrĂ©e pour de nouvelles personnes, crĂ©ant des occasions de faire des premiers pas, qui peuvent ĂȘtre des points de dĂ©part de parcours dâengagement les conduisant Ă dâautres formes dâaction. De nombreuses personnes qui se mobilisent pour la premiĂšre fois ne se retrouvent pas immĂ©diatement dans des formes dâaction Ă haut niveau dâengagement ou dans des discours trĂšs offensifs. Mais cela peut Ă©voluer rapidement, Ă la condition quâon encourage ces parcours dâengagement en proposant des formations, en crĂ©ant les conditions dâune Ă©laboration collective des messages politiques, en valorisant ce qui se construit petit Ă petit, en encourageant lâĂ©mulation collective, etc. Ă lâinverse, les jugements culpabilisants ou stigmatisants envers des personnes nouvellement arrivĂ©es au prĂ©texte quâelles nâincarnent pas la puretĂ© politique qui conviendrait Ă un mouvement radical, ne peuvent que susciter lâincomprĂ©hension et le dĂ©couragement. De nombreuses militantes et militants ont heureusement su faire preuve de patience et de persĂ©vĂ©rance en participant au long travail de prĂ©paration de ces mobilisations. Avec un peu de recul, quâil sâagisse des marches pour le climat comme des grĂšves des jeunes pour le climat, on nâa pas observĂ© une dynamique qui devenait de plus en plus consensuelle et assimilĂ©e par le pouvoir, mais bien au contraire une politisation qui a avancĂ© clairement dans le bon sens. Chaque fois, ces mobilisations se sont politisĂ©es davantage, et ont intĂ©grĂ© une critique du systĂšme. Chaque fois, ces mobilisations se sont aussi davantage articulĂ©es avec dâautres formes dâactions plus engageantes, y compris de dĂ©sobĂ©issance civile. Parmi les symptĂŽmes de cette tendance de radicalisation positive, des chants anti-Macron qui circulent entre le mouvement des Gilets jaunes et des mobilisations climat, ou encore Emmanuel Macron qui en vient Ă critiquer les mobilisations des jeunes en septembre 2019 alors quâil encourageait ses ministres Ă apparaĂźtre dans les marches encore quelques mois auparavant quand la dynamique de masse Ă©tait naissante, et quâil pensait quâelle pourrait ĂȘtre un mouvement consensuel compatible avec ses discours cosmĂ©tiques. Lors dâune marche pour le climat Ă Bayonne en septembre 2019, blocage dâun pont dans le contexte dâune lutte locale pour la rĂ©duction de la place de la voiture dans lâagglomĂ©ration Cette sĂ©quence dâune annĂ©e nous a ainsi montrĂ© Ă quel point les processus de politisation et de radicalisation peuvent sâopĂ©rer rapidement, pour peu quâon ne sâattende pas au grand soir au bout de quatre mois de mobilisations. Pour analyser ce que ces dynamiques peuvent apporter au mouvement global, il ne sâagit donc pas seulement dâĂ©valuer la nature des nouveaux mouvements Ă un instant T, mais Ă©galement dâobserver les processus qui les animent et ce quâils peuvent devenir. La radicalitĂ© dâun mouvement se mesure donc non seulement au rĂ©sultat direct de ses actions, mais Ă©galement Ă la nature des processus de radicalisation quâil cet Ă©gard, les militant-e-s les plus engagĂ©es et les plus expĂ©rimentĂ©es ont une responsabilitĂ© particuliĂšre. Beaucoup ont adaptĂ© leur agenda pour aider Ă lâorganisation et Ă la politisation de ces marches pour le climat qui ont Ă©mergĂ© en septembre 2018. Les mobilisations sont montĂ©es en puissance au fil des mois, rassemblant de plus en plus de monde et gagnant de plus en plus de villes ; tout en faisant Ă©merger des rĂ©flexions stratĂ©giques chez les personnes nouvellement engagĂ©es dans lâorganisation de ces mobilisations. Quelques mois plus tard, au cours du premier semestre 2019, des voix se sont faites de plus en plus insistantes pour critiquer le manque de perspective des marches, leur absence de stratĂ©gie, faisant rĂ©sonner une petite musique selon laquelle ces marches ne serviraient Ă rien. Les marches, ainsi que les mobilisations des jeunes, ont fini par perdre en puissance en France alors mĂȘme quâelles continuaient de se renforcer au niveau international. On peut sâinterroger sur lâeffet dĂ©mobilisateur quâont pu produire des discours dĂ©faitistes et parfois mĂ©prisants envers les nĂ©o-militant-e-s qui se sont impliquĂ©-e-s dans ces Ă des marches les unes aprĂšs les autres sans savoir exactement ce que cela peut donner peut certes paraĂźtre naĂŻf Ă qui se pose des questions de stratĂ©gie depuis plus longtemps. Mais quâest-ce qui est naĂŻf, au fond ? De marcher pour le climat sans se poser immĂ©diatement des questions de stratĂ©gies ? Ou de tirer la conclusion que des marches, nâayant pas changĂ© la politique du gouvernement au bout de quelques mois Ă peine, seraient inutiles et inoffensives ? ConsidĂ©rer que les marches sont un succĂšs ou un Ă©chec dĂ©pend du type dâobjectif quâon vise au travers de cette dynamique. Pour celles et ceux ayant pu croire que quelques manifestations de plusieurs centaines de milliers de personnes allaient pouvoir changer la politique gouvernementale, la dĂ©ception est comprĂ©hensible. Mais pour celles et ceux qui nâont pas cru que cela pourrait constituer un rapport de force suffisant pour un tel objectif, et que cela pouvait en revanche crĂ©er une forte accĂ©lĂ©ration du processus de massification et de radicalisation du mouvement global, le bilan aprĂšs un an de dynamique peut au contraire apparaĂźtre comme nettement positif. Selon ce quâon en attendait, on a pu ainsi y voir ou non un phĂ©nomĂšne renforçant la radicalitĂ© du mouvement gĂ©nĂ©ral. Convergence entre Gilets jaunes et militant-e-s climat lors dâune mobilisation Ă Marseille Un mouvement citoyen Ă la fois radical et populaire est-il possible ?Cette logique de processus est primordiale pour aborder la perspective dâun mouvement citoyen de masse Ă la fois radical et mobilisations intĂ©grant un large public aident Ă construire petit Ă petit les conditions dâun mouvement citoyen de masse, en augmentant le niveau de conscience gĂ©nĂ©ral et la lĂ©gitimitĂ© de la cause climatique et Ă©cologique, mais Ă©galement en nous permettant dâexpĂ©rimenter des mĂ©thodes dâorganisation adaptĂ©es Ă lâĂ©chelle massive. Comment concilier les avantages dâun systĂšme organisĂ© mais moins massif, avec la dimension massive dâun mouvement spontanĂ© mais peu organisĂ© ? Comment concilier la participation soudaine dâun nombre important de nouvelles personnes et le processus de politisation et dâĂ©laboration stratĂ©gique ? Câest dans lâexpĂ©rimentation Ă lâoccasion de ce type de dynamiques que nous pouvons Ă©laborer des rĂ©ponses et forger des mĂ©thodes perspective dâun mouvement citoyen de masse, radical et populaire, non-violent et dĂ©terminĂ©, telle quâelle est formulĂ©e par ANV-COP21 et Alternatiba, et plus rĂ©cemment dâune maniĂšre assez similaire par Extinction RĂ©bellion, rend ainsi nĂ©cessaire ce type de mobilisation pour rĂ©ussir le pari dâun changement de systĂšme opĂ©rĂ© le plus possible avec les gens. Câest le sens quâil faut donner au terme populaire. Il ne sâagit pas tant dâĂȘtre un mouvement apprĂ©ciĂ© par la population, quâun mouvement constituĂ© par la population, plutĂŽt que par des Ă©lites dâactivistes Ă©cologistes et anticapitalistes. Câest une des conditions nĂ©cessaires pour concilier un changement Ă©cologique radical avec lâimpĂ©ratif de dĂ©mocratie et de justice sociale. Et cela rend nĂ©cessaires non pas une augmentation de la radicalitĂ© de petits groupes militants, mais les conditions dâune radicalisation plus massive, qui sera forcĂ©ment plus pose la question du pĂ©rimĂštre de la radicalitĂ©. La radicalisation est plus Ă©vidente Ă observer et amĂšne des rĂ©sultats plus rapides dans âun petit village d'irrĂ©ductibles Gaulois qui rĂ©siste encore et toujours Ă l'envahisseurâ, une Zone Ă DĂ©fendre, une oasis dâalternatives ou une petite ville en transition exemplaire. Les expĂ©riences concrĂštes de forte radicalitĂ© peuvent y ĂȘtre rapidement palpables Ă lâĂ©chelle dâun engagement individuel ou dâune petite communautĂ©. Ă lâinverse, sâengager dans la perspective dâun mouvement de masse est beaucoup plus incertain. Un doute Ă©merge alors sur la faisabilitĂ© et peut-ĂȘtre mĂȘme la pertinence de faire le pari dâun mouvement de masse, et une question sur le pĂ©rimĂštre de la radicalitĂ© est devenue bien prĂ©sente dans les dĂ©bats les processus de radicalisation Ă grande Ă©chelle Ă©tant plus lents, ne vaut-il pas mieux radicaliser plus rapidement les mouvements existants, que chercher Ă massifier encore davantage ? Peut-on raisonnablement croire Ă la possibilitĂ© mĂȘme dâun mouvement de masse ? Le pari est effectivement audacieux quand on voit la vitesse Ă laquelle la situation climatique sâaggrave, la profondeur avec laquelle la culture individualiste et consumĂ©riste est enracinĂ©e dans lâimaginaire collectif, et lâinertie que cela oppose au changement. Pourquoi viser Ă faire Ă©merger un mouvement de masse ? PremiĂšrement, un changement radical du systĂšme, câest forcĂ©ment un changement Ă lâĂ©chelle du systĂšme. Un changement important sur un territoire dâexception peut ĂȘtre radical Ă lâĂ©chelle dâun territoire, mais câest alors un changement en pĂ©riphĂ©rie du systĂšme, et non pas un changement du systĂšme lui-mĂȘme. La capacitĂ© de destruction du systĂšme actuel ne sera pas empĂȘchĂ©e par lâexistence dâune minoritĂ© de territoires dissidents et autonomes. Elle le sera par le changement de sa logique fondamentale. Le changement radical du systĂšme est donc nĂ©cessairement massif. Pour autant, ces territoires dâexception peuvent avoir une grande importance en tant que laboratoires dâexpĂ©rimentation, servant de points dâappui pour essaimer et multiplier les expĂ©riences de changement radical sur un nombre toujours plus important dâautres territoires et sur la logique globale du nous observons un contexte global de plus en plus instable, favorable au changement, avec des contestations grandissantes contre les injustices sociales, et des revendications de dĂ©mocratie rĂ©elle qui sâintensifient. Dans ces conditions, le pari dâun mouvement de masse correspond Ă©galement Ă lâĂšre du temps, aux revendications populaires grandissantes, au champ des possibles. Il sâagit dâun pari, dâune tentative. Nul ne pourra dire Ă quel point cela est vraiment possible ou non, si nous rĂ©ussirons ou pas. Mais le projet dâun mouvement Ă la fois radical et populaire nous semble toujours un choix pertinent politiquement. Car lâimplication directe de la population Ă grande Ă©chelle revient Ă faire le pari de la convergence entre Ă©cologie, dĂ©mocratie et justice sociale, trois impĂ©ratifs trop souvent instrumentalisĂ©s les uns contre les autres, mais qui commencent Ă sâimposer comme indissociables. En conclusion, Ă la question âfaut-il ĂȘtre radical-e ?â, la rĂ©ponse est clairement oui. Ă la question âcomment ĂȘtre radical-e ?â, nous proposons de prendre en compte un ensemble assez large de critĂšres, comprenant la radicalitĂ© des discours, des modes opĂ©ratoires, des rĂ©sultats des actions, de la nature des processus, et de lâĂ©chelle du changement radical radicalitĂ© apparaĂźt alors davantage comme quelque chose qui se construit, plutĂŽt que comme quelque chose qui se dĂ©crĂšte. Et elle se construit Ă travers des actions de diffĂ©rents types, dont certaines peuvent apparaĂźtre au premier abord peu radicales, mais qui participent en rĂ©alitĂ© Ă une vĂ©ritable dynamique de Palais1 SĂ©golĂšne Royal veut que lâon rĂ©prime trĂšs rapidement » Extinction Rebellion, par L'Obs avec AFP, le 7 octobre 2019 2 Voir le site internet de lâHeureux Cyclage et sa carte des ateliers vĂ©lo3 Voir le site internet de lâEusko . 487 412 364 54 271 343 493 289